Une Inscription byzantine avec un décor chrétien à la grande mosquée de Sfax

Considérée comme une sorte d’énigme historique difficile à interpréter, l’inscription byzantine est une plaque de marbre blanc castrée dans la façade orientale de la grande mosquée de Sfax (au dessus du linteau de la quatrième fenêtre). Sur cette plaque de 1m x 0.45m, sont figurés deux paons de part et d’autre d’un vase, ou d’un panier, d’où sortent des rinceaux. Le motif a été martelé intentionnellement dès l’antiquité entrainant la disparition de l’avant corps du paon droit, de la totalité du paon gauche et du panier en entier. Ce motif est entouré d’un cadre dont la marge supérieure porte, en caractères en relief de 4 cm de hauteur, une inscription grecque. Ce texte a été transcrit initialement par Gauckler en 1908 ; puis corrigé par Albertini en 1926.

« εύπραξίαν χαί σύν αύτή εύφροσύνην, τάς χοσμούσας τόνδε τόν ρεπ1όν σου δόμον. »

Et la traduction la plus acceptée est la suivante :

« (Accorde nous) la vertu et la joie sa compagne qui décorent cette vénérable demeure à toi consacrée. »

Que fait ce décor chrétien dans un lieu de culte islamique, le plus sacré dans la Médina de Sfax ? D’où venait-il ? Et pourquoi était-il martelé ?
Selon Marçais et Golvin, la réutilisation de cette plaque datait de l’époque fatimide c’est-à-dire le Xème siècle. Pour des raisons décoratives, ce bas-relief devait être intact quand il fut choisi et remployé. Et ceci témoigne de la tolérance religieuse des princes fatimides et de la liberté de pensée des artistes de cette époque. De plus, la prière chrétienne que l’inscription portait, l’invocation adressée à Dieu, au christ ou à la Vierge pouvait en somme s’adresser à Allah d’où l’idée de la remployer dans une façade de mosquée. Concernant sa provenance, la plaque provenait probablement d’une église de la région, peut être celle de Taparura.

Dr. Walid Elleuch

Bibliographie :

– P. Gauckler, Nouvelles archives des missions scientifiques et littéraires, XV-1908, pp. 339-340.
– E. Albertini, BCTH, 1926, p. XXXVII.
– G. Marçais et L. Golvin. La grande mosquée de Sfax, 1960, pp. 36-39.

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