La grande mosquée de Sfax: le cœur de la médina
La mosquée primitive fut construite en 849. Il semble qu’elle ait eu le plan des mosquées aghlabites de l’époque, à savoir une salle de prière en largeur – peut-être sur trois travées de profondeur – et une grande cour carrée entourée d’un portique et dont le minaret occupe le milieu du mur nord. Au Xe siècle ce plan fut profondément remanié, une partie importante de la mosquée ayant été confisquée et utilisée pour construire des habitations et des magasins.
De cette époque, la mosquée d’aujourd’hui a conservé la façade orientale avec sa très belle ordonnance, le minaret qui rappelle par le rapport des volumes celui de Kairouan, enfin la cour aux proportions merveilleuses et dont l’atmosphère intime et dépouillée invite au recueillement. Au XVIIIe siècle, la ville ayant connu la prospérité que l’on sait, les habitants réussirent à reprendre tous les terrains qui avaient appartenu à la mosquée première grâce aux revenus des biens h’bous. On construisit alors la partie ouest du monument en deux étapes, la première en 1758, la seconde en 1782. Alors que la fondation et les transformations du Xe s. doivent être attribuées à des princes, les extensions et les embellissements – particulièrement les dix magnifiques portes donnant sur la cour – sont l’œuvre de la communauté. Magdiche, contemporain de ces travaux, cite Haj Saïd El Kotti, amine des maçons, Tahar El Menif maître géomètre, Ahmed Chaabouni et Mahmoud Mseddi, maîtres menuisiers. L’intendance fut assurée par le Cheikh Hassen Charfi et le Cheikh Ali Laadhar, prédicateur de la grande mosquée.
Au cours des années soixante, l’Institut National d’Archéologie a entrepris d’importants travaux de restauration qui ont permis de consolider le vénérable édifice et de rendre ses remarquables qualités architecturales plus évidentes.
