L’habitation de Jnen à sfax : le Borj

برج القنوني

L’habitation qui prévalut dans la vaste zone de jardins jusqu’à la fin du XIXe siècle – le borj – est très significative de la situation conflictuelle dans laquelle vivaient les deux communautés.
Guérin qui a visité Sfax en 1862 écrit : «Un borj ou habitation en forme de tour carrée s’élève au centre de chacun des jardins». Ces tours de 8 à 10 mètres de haut ne comportaient qu’une ouverture unique au rez-de-chaussée : la porte d’accès. A l’étage, les fenêtres avaient les dimensions et l’allure de meurtrières. Dans le mur des terrasses était aménagée une bretèche qui surplombait exactement la porte d’accès et permettait d’attaquer aisément les agresseurs éventuels. L’unique porte se bloquait solidement de l’intérieur par une traverse coulissant dans le corps du mur.

برج الكراي

Le rez-de chaussée comprenait un espace central flanqué à droite ou à gauche d’une large banquette appelée «Jalsa», et prolongé en profondeur par une pièce unique. Depuis cet espace, des escaliers assez raides conduisent à l’étage qui comprend en général deux petites pièces ouvrant sur un minuscule patio à ciel ouvert. Le tout est réalisé avec sobriété. On évitait visiblement toute dépense superflue. Mais ces borjs sont très agréables à habiter ; du reste beaucoup le sont encore. Leurs constructeurs possédaient incontestablement un sens très poussé du volume. Les espaces y sont réduits mais accueillants et la lumière qui pénètre par de petites ouvertures se répand avec douceur sur les surfaces blanches des murs.

Les borjs étaient occupés seulement pendant la belle saison. Dans les plus anciens, la porte d’accès ne comportait même pas de serrure et lorsqu’à la fin de l’été les citadins réintégraient la cité, ils abandonnaient totalement ces tours. Il s’agit, on le voit, d’une habitation liée à la mise en valeur des terres sablonneuses et légères qui entourent Sfax. Sur ces terres, on a commencé dès le XVIIe s. à pratiquer une arboriculture relativement spécialisée puisque les principaux produits de ces jardins étaient l’amande et la pistache, et accessoirement les abricots, les olives… On quittait la ville pour être sur place quelques semaines avant la récolte qui a lieu en Juillet-Août. On décortiquait et on séchait les précieux fruits qu’on ramenait ensuite en ville.

برج السلامي من الداخل

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